7 milliards de citoyens universels

06/07/2013

En 1983, je rencontrais un vieux sage qui avait fui la guerre, laissant son village, son passé, et s’était installé avec les siens non loin de la frontière. Il avait, d’une main levée, arrêté la caravane. Il avait dit qu’il n’irait pas plus loin, que le campement s'établirait ici où il pouvait encore voir sa terre, et que sa décision était irrévocable. Personne n’osa contredire l’ancien, la vie s’organisa ainsi. Il passait ses journées à lire le Coran ou de la poésie. Mon propre exil était encore récent. Il me dit : « Ta maison, ton pays, ton histoire sont en toi, si tu les laisses entrer. Où que tu sois, ils te suivent. »

En 2013, à l’échelle de notre Histoire, notre marche vers la liberté et le respect des droits humains m’apparaît plus longue que la route d’exil de ce vieux sage. Depuis toujours, des milliers d’hommes et de femmes consacrent leur vie à éclairer ce chemin. Ils œuvrent pour la liberté, la justice, bâtissant patiemment un monde dans lequel chaque habitant sera citoyen universel.

Le 23 mai dernier, je recevais l’un des premiers « Passeports de Citoyenneté Universelle » à l’Unesco, aux côtés de grandes figures de la société civile, politique ou artistique. Cet acte symbolique, rendu possible grâce aux acteurs de changements tels que Stéphane Hessel, fut un grand honneur.

Durant la cérémonie, mes pensées étaient tournées vers les millions de femmes, d’hommes et d’enfants réfugiés, déplacés ou sans domicile. Ils sont les premières victimes des injustices de notre monde, et ont besoin d’être reconnus comme citoyens universels.

Aujourd’hui, je fais le vœu que notre famille, la famille humaine, reçoive bientôt sept milliards de « Passeports de Citoyenneté Universelle ». 
REZA